L'effondrement de notre société, le chaos, l'apocalypse, la fin de l'ère actuelle... Tout cela à cause d'une pénurie de pétrole. Voici le deuxième tome du scénario catastrophe mis en scène par Alex Scarrow, qui montre de manière effrayamment réaliste les conséquences d'une telle situation.

Résumé :

Imaginez des attentats terroristes sur les principaux puits de
pétrole de la planète. Et leurs conséquences : un monde qui, en quelques jours seulement, se retrouve privé de carburant,
d'électricité, de transports, d'eau potable. Un monde où les
magasins ne sont plus approvisionnés, où la police et les secours, faute d'essence, ne peuvent plus intervenir. Un monde plongé dans l'obscurité. Une civilisation qui s'effondre.
Pour échapper à la violence et aux maladies, Jenny Sutherland s'est réfugiée, avec ses enfants et quelques rescapés, sur une plate-forme gazière, au large du comté de Norfolk.Là, ils essaient de retrouver un semblant de normalité,de reconstruire une communauté humaine et de travailler à un avenir meilleur. Mais tous n'ont pas la même philosophie pacifique et, quand le petit groupe recueille un homme en péril, l'équilibre précaire qui régnait jusque-là ne va pas tarder à voler en éclats.

Mon avis :

Après avoir adoré La Théorie des dominos du même auteur, c'est naturellement que je me suis emparée de la suite des péripéties de la famille Sutherland après la pénurie mondiale de pétrole. Nous voyons donc le résultat d'une obscure conspiration mise en place par un mystérieux groupe d'hommes influents (dont absolument rien n'est expliqué) pour faire dérailler la société et engendrer le chaos en exploitant les tensions géopolitiques du monde musulman... Pour être honnête, je ne suis toujours pas fan de cette histoire très capillotractée de conspiration, mais ce tome respecte la trame du récit dans une vraisemblance que j'apprécie.

Dans le premier ouvrage, les personnages de Jenny, Leona, Jacob et Andy Sutherland font face à l'effondrement de la société dans laquelle ils ont toujours vécu. Ils doivent survivre chacun de leur côté avant de pouvoir se réunir et de trouver un moyen de se sortir de cette situation. L'Effet domino voit donc ces mêmes personnages réunis (ou presque, sans vouloir spoiler) et tentant de survivre tant bien que mal sur de gigantesques plate-formes situées au-dessus de la mer au milieu d'une communauté de survivants dont Jenny Sutherland est à la tête.

J'ai trouvé que l'énergie présente dans le premier tome s'effaçait au profit de la description des efforts quotidiens des survivants pour subvenir à leurs besoins. C'est, certes, un choix logique, mais en lisant les deux livres d'affilé cela créé un contraste plutôt abrupt aussi causé par le laps de temps de dix ans entre les deux périodes du récit.

De même la lassitude et l'épuisement des protagonistes se font ressentir, comme un vieillissement avancé (particulièrement pour Jenny et Leona qui se sont retrouvées sensiblement métamorphosées par ce changement de vie). Seul Jacob amène une pointe d'innocence et d'enfance dans son obsession pour les « lumières » des écrans et des lampadaires d'antan, tous alimentés par l'électricité autrefois omniprésente. C'est le seul possédant encore réellement l'envie de vivre parmi les Sutherland, offrant au lecteur un élément rafraîchissant dans cette œuvre pour le moins lourde d'angoisse.

L'affection que je portais aux personnages s'est trouvée elle aussi altérée entre les deux tomes : les caractères ayant évolués en même temps que les préoccupations, le temps a finit par forger des esprits durs et froids. Je me suis donc retrouvée loin des individus que j'ai aimé suivre dans le premier livre.

Outre cela, j'ai remarqué la présence d'un esprit manichéen assez fort avec le personnage de Maxwell, le dirigeant d'une autre communauté de survivants à Londres, et les garçons qui lui servent de garde rapprochée et de « police armée ». Il y a une opposition entre les fonctionnements des deux groupes de survivants. L'un repose sur le principe d'égalité, de travail commun, du respect de l'intégrité physique et mentale, et l'autre sur une hiérarchie assez dictatoriale où le viol, la drogue et la violence sont au centre du fonctionnement. Cela reste intéressant dans le sens où les vices qui ont fait surface chez les Hommes directement après la pénurie de pétrole sont exacerbés au bout de plusieurs années, et les jeunes qui grandissent au milieu de cela deviennent des animaux ne pensant qu'à violer, boire et  se droguer jusqu'à l'os.  Les deux livres d'Alex Scarrow ne rendent clairement pas hommage aux hommes qui apparaissent comme soumis à leur bestialité et leurs pulsions sexuelles. Cela donne évidemment des moments durs à lire, avec de nombreuses agressions sexuelles, viols et tentatives de viols, mais j'ai trouvé que cela accentuait de la meilleure des manières l'impression de chaos et d'angoisse ressentis à la lecture.

J'ai regretté le fait que beaucoup d'éléments restaient prévisibles quant au dénouement de l'histoire (que je vais taire afin d'éviter de spoiler la majorité).

Au final même si j'ai préféré le tome précédent, celui-ci en reste la digne suite et rend compte d'éléments variés concernant la chute de la société et notamment la vie sur le long terme après un effondrement de ce type.

Note : ★ ★ ★ ★ ☆

"Je crois que la véritable force se trouve dans la quantité de malheurs que vous êtes capable d'endurer, de brutalité que vous êtes capable d'encaisser sans jamais perdre votre humanité"

-Alex Scarrow

Du même auteur :

--> La Théorie des dominos, Alex Scarrow