Un livre emprunt d'une chaleur poussiéreuse, se déroulant dans l'Asie coloniale du XX° siècle, et qui nous montre l'union forte mais chaotique d'une famille pauvre dont la vie va se trouver chamboulée par l'arrivée d'un certain homme... Voici l'œuvre forte qui retrace en réalité l'enfance de l'auteur.

Résumé :

«Les barrages de la mère dans la plaine, c'était le grand malheur et la grande rigolade à la fois, ça dépendait des jours. C'était la grande rigolade du grand malheur. C'était terrible et c'était marrant. Ça dépendait de quel côté on se plaçait, du côté de la mer qui les avait fichus en l'air, ces barrages, d'un seul coup d'un seul, du côté des crabes qui en avaient fait des passoires, ou au contraire, du côté de ceux qui avaient mis six mois à les construire dans l'oubli total des méfaits pourtant certains de la mer et des crabes. Ce qui était étonnant c'était qu'ils avaient été deux cents à oublier ça en se mettant au travail.»

Mon avis :

Je ne sais pas par où commencer.

Ce livre alterne les moments prenants et pleins d'émotions avec des passages qui traînent en longueur et qui m'ont offert un certain ennui. Le contexte de l'Asie coloniale du XX° siècle n'est pas non plus celui qui m'attire le plus à l'origine, mais je dois avouer que l'ambiance est réussie, avec un ennui

J'ai trouvé l'histoire touchante et émouvante; la pauvreté est constamment rappelée et les malheurs s'enchaînent, créant un certain fil rouge au sein du récit qui est rapidement perceptible par le lecteur.

Pourtant il s'avère que je n'ai pas aimé les personnages. La mère se montre violente envers ses enfants, autant physiquement que psychologiquement, et on la sent prise d'une hystérie mêlée d'entêtement allant parfois toucher jusqu'à la folie. De même, Joseph, le fils aîné, est rude et froid. On ne s'y attache pas facilement malgré son certain côté mystérieux... C'est un personnage insaisissable d'un point de vue psychologique. Enfin, Suzanne, la fille cadette, est immature, naïve, insupportable j'ai trouvé... Mais l'affection profonde qu'elle porte pour son frère arrive à la rendre plus "appréciable". Je n'ai pas accroché aux dialogues à cause de la pauvreté littéraire des protagonistes qui ne mâchent d'ailleurs pas leurs mots, et usent de grossièretés d'une manière un peu trop lourde à mon goût et sans que cela serve par moment. Cet élément reste cependant tout à fait logique du fait du contexte historique et de la classe sociale des protagonistes.

Je reconnais malgré tout que la portée argumentative du récit sur la colonisation en Indochine est assez intéressante. Le personnage de M.Jo fait quelque peu office de colon stéréotypé, et la manière gluante qu'il a de vouloir courtiser Suzanne à l'aide d'objets et de cadeaux en fait un personnage qu'on ne veut pas aimer.

Malgré le fait que je n'ai aimé aucun personnage et que je me suis surprise à décrocher de l'histoire à plusieurs reprises, cette oeuvre n'en reste pas moins émouvante et parvient à laisser un petit pincement au cœur à sa clôture...

Note : ★ ★ ★ ☆ ☆

"La connaissance qu'a un seul homme de la faute de cent autres ne lui sert à rien." -Marguerite Duras